SM-NOTIFY(8) System Manager's Manual SM-NOTIFY(8)

sm-notify - Envoyer une notification de redémarrage aux pairs NFS

/usr/sbin/sm-notify [-dfn] [-m minutes] [-v nom] [-p port-notification] [-P chemin]

Les systèmes de fichiers ne peuvent garder de manière persistante l’état du système de fichiers. L’état des verrous est donc perdu lors du redémarrage de l'hôte.

Les systèmes de fichiers en réseau doivent détecter si un état verrouillé est perdu à cause du redémarrage de l'hôte. Après le redémarrage d'un client NFS, le serveur NFS doit enlever tous les verrous de fichiers posés par des applications qui tournaient sur ce client. Après un redémarrage du serveur, un client doit rappeler au serveur quels étaient les fichiers verrouillés par ses applications.

Pour les versions 2 et 3 du protocole NFS, le protocole Network Status Monitor (ou NSM) est utilisé pour avertir les pairs des redémarrages. Sous Linux, deux composants tournant en espace utilisateur fournissent un service NSM :

Un programme d'aide qui avertit les pairs NFS après un redémarrage du système local
Un démon qui écoute les avertissements de redémarrage d'autres hôtes et gère la liste des hôtes qui doivent être avertis quand le système local redémarre.

Le gestionnaire de verrous NFS local indique au rpc.statd local quels sont les pairs qui doivent être surveillés. Quand le système local redémarre, la commande sm-notify avertit le service NSM des hôtes surveillés de son redémarrage. Quand un hôte distant redémarre, ce pair notifie le rpc.statd local, qui en retour renvoie l'avertissement de redémarrage au gestionnaire de verrous NFS local.

La première interaction visant à verrouiller un fichier entre le client et le serveur NFS fait intervenir les deux gestionnaires de verrous NFS qui contactent leur service NSM local afin de stocker des informations sur le pair distant. Sous Linux, le gestionnaire de verrous local contacte rpc.statd.

rpc.statd enregistre les informations sur chaque pair NFS surveillé dans un fichier persistant. Ce fichier décrit la manière de contacter un pair distant en cas de redémarrage local, comment reconnaître quel pair surveillé est en train d'émettre et comment notifier au gestionnaire de verrous local qu’un pair surveillé signifie son redémarrage.

Un client NFS envoie un nom d'hôte, appelé nom_d'appel (« caller_name ») du client, pour chaque demande de verrou de fichier. Un serveur NFS peut utiliser ce nom d'hôte pour envoyer des appels GRANT asynchrones au client, ou pour avertir le client de son redémarrage.

Le serveur NFS Linux peut fournir le nom_d'appel du client ou son adresse réseau à rpc.statd. Pour les besoins du protocole NSM, ce nom (ou cette adresse) est connu comme nom_monit du pair observé. En même temps, le gestionnaire de verrous local indique à rpc.statd son propre nom d'hôte supposé. Pour les besoins du protocole NSM, ce nom d'hôte est appelé mon_nom.

Il n'y a pas d'interactions équivalentes entre un serveur NFS et un client pour donner au client le nom_d'appel du serveur. C'est pourquoi les clients NFS ne connaissent pas le nom_monit qu'un serveur NFS peut utiliser dans une requête SM_NOTIFY. Le client NFS Linux enregistre le nom d'hôte du serveur utilisé dans une commande mount pour identifier les serveurs NFS qui redémarrent.

Quand le système local redémarre, la commande sm-notify lit sur un stockage persistant la liste des pairs surveillés et envoie une requête SM_NOTIFY au service NSM tournant sur chacun des pairs listés. Il utilise la chaîne nom_monit comme destination. Pour identifier l'hôte ayant redémarré, la commande sm-notify envoie la chaîne mon_nom enregistrée lors de la surveillance de ce poste distant. Le démon rpc.statd distant utilise cette chaîne (ou l'adresse réseau de l'appelant) pour lier les requêtes SM_NOTIFY entrantes à un ou plusieurs pairs sur sa propre liste de surveillance.

Si rpc.statd ne trouve pas un pair dans sa propre liste d'hôtes surveillés lié à une requête SM_NOTIFY, la notification n'est pas transmise au gestionnaire de verrous local. En plus, chaque pair possède son propre numéro d'état NSM, un entier de 32 bits qui est changé après chaque redémarrage par la commande sm-notify. rpc.statd utilise ce chiffre pour séparer les redémarrages réels des notifications réenvoyées.

Une partie de la récupération de verrous NFS est la redécouverte des pairs qui doivent être à nouveaux surveillés. La commande sm-notify nettoie la liste de surveillance stockée sur un stockage permanent après chaque redémarrage.

Garder sm-notify attaché à son terminal de contrôle et visible au premier plan afin que la progression des notifications puisse être directement observée.
Envoyer les notifications même si sm-notify a déjà été lancé depuis le redémarrage du système.
Indiquer la durée (en minute) entre deux essais de notifications à des hôtes sourds. Si cette option n'est pas indiquée, sm-notify notifie toutes les 15 minutes. Donner la valeur 0 pousse sm-notify à envoyer continuellement des notifications aux hôtes sourds jusqu'à ce qu'il soit tué manuellement.
Les notifications sont réémises si l'envoi échoue, si l'hôte distant ne répond pas, si le service NSM distant n'est pas enregistré ou si la résolution DNS échoue, ce qui empêche l'adressage de l'hôte distant nom_monit.
Les hôtes ne sont pas supprimés de la liste des notifications tant qu'aucune réponse valable n'est reçue. Cependant, la procédure SM_NOTIFY renvoie un résultat vide. sm-notify ne peut donc pas dire si la machine distante a reconnu l'émetteur et a commencé la récupération idoine de verrous.
Empêcher sm-notify de mettre à jour le numéro d'état NSM du système local.
Indiquer le numéro de port source que sm-notify doit utiliser pour envoyer les notifications de redémarrage. Si cette option n'est pas précisée, un port éphémère est choisi au hasard.
Cette option peut être utilisée pour traverser un pare-feu entre le client et le serveur.
Donner le chemin du répertoire parent où les notifications d'état NSM sont enregistrées. Si cette option n'est pas précisée, sm-notify utilisera /var/lib/nfs par défaut
Après le démarrage, sm-notify essaie de définir les UID et GID effectifs à ceux du groupe et d’utilisateur du sous-répertoire sm de ce répertoire. Après la modification des identifiants effectifs, sm-notify a seulement besoin d’accéder aux fichiers sm et sm.bak dans le chemin du répertoire d’états (state-directory-path).
Indiquer l'adresse réseau à partir de laquelle seront envoyées les notifications de redémarrage, ainsi que l'argument nom_monit utilisé pour l'envoi de requêtes SM_NOTIFY. Si cette option n'est pas précisée, sm-notify utilise une adresse joker comme adresse de transport et la variable mon_nom enregistrée lors de la surveillance du poste distant comme argument nom_monit pour l'envoi des requêtes SM_NOTIFY).
Le champ addrip peut être sous la forme d'une adresse IPv4 ou IPv6. Si le champ addrip est fourni, la commande sm-notify convertit cette adresse en un nom d'hôte qui servira d'arguments à nom_monit lors de l'envoi de requêtes SM_NOTIFY.
Cette option peut être utile dans des réseaux partagés entre plusieurs lieux pour lesquels l'hôte distant attend une notification provenant d'une adresse réseau précise.

La plupart des options pouvant être indiquées sur la ligne de commande peuvent aussi être contrôlées à l’aide de valeurs définies dans les sections [sm-notify] ou, dans un cas, [statd] du fichier de configuration /etc/nfs.conf.

Les valeurs reconnues dans la section [sm-notify] incluent retry-time, outgoing-port et outgoing-addr. Elles ont le même effet, respectivement, que les options m, p et v

Une autre valeur reconnue dans la section [sm-notify] est lift-grace. Par défaut, sm-notify transformera la période de grâce de lockd rapidement s’il n’a aucun hôte à informer. Certaines configurations de haute disponibilité exécuteront un sm-notify par adresse IP variable. Dans ces configurations, transformer la période de grâce peut rapidement empêcher des clients de récupérer des verrous. Régler lift-grace à n empêche sm-notify de mettre rapidement fin à la période de grâce. lift-grace n’a pas d’option de ligne de commande correspondante.

La valeur reconnue dans la section [statd] est state-directory-path.

La commande sm-notify doit être lancée en superutilisateur afin d'avoir les privilèges suffisants pour accéder à la base d'informations d'états. Elle abandonne les droits de superutilisateur dès qu'elle démarre afin de réduire les risques d'attaque par augmentation de droits.

Dans le cas normal, l'ID utilisateur effectif utilisé est celui du propriétaire du répertoire d'états, cela afin de lui permettre de continuer à accéder aux fichiers de ce répertoire après qu'il a abandonné ses droits de superutilisateur. Pour contrôler l'ID utilisateur que rpc.statd prend, il suffit d'utiliser chown(1) pour changer le propriétaire du répertoire d'état.

La récupération des verrous après un redémarrage est indispensable au maintien de l'intégrité des données et à la prévention de blocages non nécessaires d'applications.

Afin d'aider rpc.statd à faire correspondre les requêtes SM_NOTIFY aux requêtes NLM, un certain nombre de bonnes pratiques doivent être respectées. Par exemple :

Le nom du nœud UTS de vos systèmes doit correspondre aux noms DNS que les pairs NFS utilisent pour les contacter.
Les noms de nœuds UTS de vos systèmes doivent toujours être des noms de domaine pleinement qualifiés (« FQDN »).
Les translations DNS directes et inverses des noms de nœuds UTS doivent être cohérentes.
Le nom d'hôte utilisé par le client pour monter le serveur doit correspondre au nom_monit utilisé dans les requêtes SM_NOTIFY qu’il envoie.

Démonter un système de fichiers NFS n'empêche pas le client NFS ou le serveur de se surveiller. Les deux peuvent continuer à se surveiller pendant un moment au cas où la reprise du trafic entre les deux entraînerait de nouveaux montages et d'autres verrous de fichiers.

Sous Linux, et en conditions normales d'opération, le déchargement du module lockd du noyau entraîne l'arrêt de la surveillance des pairs NFS. Cela peut survenir, par exemple, sur un client NFS utilisant un système de montage automatique qui démonte tous les systèmes NFS suite à une inactivité.

L'utilisation d'IPv6 par NFS requiert TI-RPC. Si la prise en charge de TI-RPC a été incluse dans la commande sm-notify, le choix entre le mode IPv4 ou IPv6 est fait en fonction de l'adresse réseau retournée par DNS pour les clients distants. Ce système est normalement parfaitement compatible avec les machines qui ne gèrent ni TI-RPC, ni IPv6.

La commande sm-notify ne prend pour l'instant en charge que l'envoi des notifications uniquement par les protocoles de transport en datagramme.

/var/lib/nfs/sm
Répertoire contenant la liste des moniteurs.
/var/lib/nfs/sm.bak
Répertoire contenant la liste des notifications.
/var/lib/nfs/state
Numéro d'état NSM de cet hôte.
/proc/sys/fs/nfs/nsm_local_state
Copie du numéro d'état NSM dans le noyau.

rpc.statd(8), nfs(5), uname(2), hostname(7)

RFC 1094 – « NFS : Network File System Protocol Specification »
RFC 1813 – « NFS Version 3 Protocol Specification »
OpenGroup Protocols for Interworking : XNFS, version 3W - Chapitre 11

Olaf Kirch <okir@suse.de>
Chuck Lever <chuck.lever@oracle.com>

La traduction française de cette page de manuel a été créée par Valéry Perrin <valery.perrin.debian@free.fr>, Sylvain Cherrier <sylvain.cherrier@free.fr>, Thomas Huriaux <thomas.huriaux@gmail.com>, Dominique Simen <dominiquesimen@hotmail.com>, Nicolas Sauzède <nsauzede@free.fr>, Romain Doumenc <rd6137@gmail.com>, David Prévot <david@tilapin.org>, Denis Mugnier <myou72@orange.fr>, Cédric Boutillier <cedric.boutillier@gmail.com> et Jean-Paul Guillonneau <guillonneau.jeanpaul@free.fr>

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1 Novembre 2009